Historique

La locomotive 141 R 420 est l’une des premières locomotives à échapper à la destruction pour être préservée. Son acte de vente est signé en juin 1976, sa nouvelle vie peut commencer. Mais une association comme la nôtre, ce n’est pas qu’une locomotive : c’est aussi une rame historique, deux éléments RRR (Rame Régionale Réversible), un bâtiment et toute sorte de travaux qui varient au fil du temps. Sur cette page, je vous propose de remonter à la source pour découvrir notre histoire.

Des amis du chemin de fer

Il est parfois des combats qui semblent insensés… et pourtant, mettre à l’abri d’un chalumeau un monstre d’acier de plus de 180 tonnes a été l’exploit que nous devons à une poignée de personnes. En Mars 1975, alors que la machine attend sa démolition, une société civile de conservation se crée et se mobilise pour sauver la 141 R 420. Vendue au poids la ferraille, chaque membre de la société possède une part de la machine. Parallèlement, une association est créée pour s’en occuper, techniquement parlant. Là encore une vingtaine de membres s’affaire au tout début des années 80 à la remettre sur les rails. Au fil du temps, la machine croise différents bénévoles dont l’un des plus emblématiques, André Rasserie, chef de dépôt de Vénissieux et passionné de vapeur. Il permit à la 141 R 420 de s’installer à Clermont-Ferrand, dépôt qu’il a également géré.

A cette époque nombre d'amis des Chemins de Fer qui arpentent les rotondes des dépôts de SARREGUEMINES, VIERZON, VENISSIEUX NARBONNE, LE MANS... rêvent de sauver telle ou telle de ces héroïnes qui illustrent leur dernier film, leurs dernières photos, leurs derniers enregistrements sonores. Beaucoup de ces rêves s'évanouirent dans la fumée des chalumeaux, mais les faits sont là, quelques uns, seuls ou le plus souvent groupés an Association, arrivèrent au bout de leurs démarches qui apparaissent en ce temps là, utopiques et vaines.
Extrait du document "L'odyssée de la 141 R 420", par André Rasserie

Vendue au poids de la ferraille, elle entammera sa nouvelle vie par un passage dans les dépôts de Vierzon et Nevers pour finalement arriver à Clermont-Ferrand en Mai 1979. Après de lourds travaux de restauration, elle obtiendra l’agrément de la SNCF le 20 Avril 1982, lui ouvrant officiellement les lignes du réseau national. Classée au titre du patrimoine industriel 5 ans plus tard, elle est désormais la seule R charbonnière de France.

Une machine et une rame

Après sa remise en service, on trouve la 420 en tête de nombreux trains affrétés par des groupes d’amateurs (Amis du Rail du Forez de Saint-Étienne, Amis des Chemins de Fer d’Auvergne etc…). Pendant plusieurs années, faute d’en posséder, le matériel remorqué utilisé pour les voyages est loué à la SNCF. Après l’achat en 1984 d’une voiture d’accompagnement A4D, des négociations sont entreprises pour acquérir des voitures voyageurs. Au fil des échanges, le choix se porte sur 5 voitures Bacalan de la gérance de Clermont-Ferrand. Ces véhicules, transformés en matériel de service puis radiés en octobre 1985, sont achetés l’année suivante pour la somme de 80 000 francs. Un fourgon OCEM ex-Midi viendra plus tard compléter la rame.

Ces voitures, construites au début des années trente, commencent à montrer des signes de fatigue malgré un bon entretien. En 1992, l’association ressent le besoin de moderniser son parc de matériel voyageur, les antiques Bacalan arrivant à bout de souffle. Ce sont donc 5 voitures DEV, récemment radiées, qui rejoignent les rangs de la 420 pour la suite de ses voyages touristiques. Elles effectueront leur premier voyage derrière la locomotive le 1er août 1992 à l’occasion du centenaire du viaduc de Mussy-sous-Dun (Saône-et-Loire). L’année suivante, ce sera le tour d’un fourgon B5D.

Renouveau et jeunesse

Les années 2000 marquent un tournant pour l’équipe de bénévoles. Les fondateurs de l’association arrivent à l’âge de la sagesse et ceux qui participent encore aux séances de travail attendent impatiemment la relève. Quelques nouvelles têtes arrivent, la nouvelle génération prend peu à peu ses marques. Ecoutant les conseils des anciens, les “p’tits jeunes” observent le fonctionnement de la machine et apprennent ce savoir-faire si particulier et désormais précieux. La formation reste le maître mot, on ne se lance pas à l’aveugle dans la maintenance et l’exploitation d’une locomotive pareille.

Si pendant longtemps la 420 et sa rame historique constituaient le seul convoi de l’association, les choses sont différentes aujourd’hui. Les opérations de maintenance sont de plus en plus coûteuses et les circulations proposées n’ont plus toujours le train pour centre d’attraction. Pour continuer à “vivre”, nous avons choisis d’ouvrir nos horizons. Et le Train des Gorges de l’Allier en est le meilleur exemple.

Historiquement, ce train est assuré par la SNCF d’abord avec des autorails X 2800 et plus récemment avec des rames RRR, plus capacitaires pour répondre au flot croissant de passagers. En 2016, des accords dont passés pour que notre association se charge de ces circulations à la place de l’opérateur historique. La première saison, réalisée avec notre rame ancienne et un diesel de type BB 67400, n’a pas donné entière satisfaction. On comprend aisément que l’aménagement en compartiments de nos voitures n’est pas des plus adapté pour observer le paysage grandiose qui s’offre aux yeux. Il va sans dire qu’une seconde saison identique aurait été catastrophique… et c’est là qu’une opportunité s’est présentée : les rames RRR utilisées par la SNCF, très lumineuses et ouvertes sur l’extérieure, commencent à être radiées. La suite, nous la connaissons : depuis 2017, notre association assure plusieurs Trains des Gorges de l’Allier avec les deux dernières RRR de la région Auvergne pour le plus grand plaisir de nos passagers !

Une équipe variée et soudée

Depuis 40 ans, notre locomotive voit passer de nombreux visages, des connaisseurs comme des curieux. Certains sont cheminots, d’autres passionnés par le chemin de fer. Que l’on soit électronicien, journaliste, chef de gare, informaticien, peintre, menuisier, comptable… chacun a son rôle à jouer pour que nos trains circulent. La plupart des bénévoles sont auvergnats, mais cela n’empêche pas de nombreux volontaires de venir du Limousin, de Paris ou de la région PACA ! Et bon nombre sont ceux qui ont moins de 30 ans au sein des membres qui se retrouvent régulièrement au dépôt de Clermont-Ferrand.

Les ambitions qui nous animent sont les même que les fondateurs de l’association : faire vivre et faire connaitre la magie de la vapeur sur le rail. Et ce malgré les épreuves techniques et administratives… mais cela nous empêche pas d’être soudés car, comme dit le proverbe : “C’est réunis que les charbons brûlent ; c’est en se séparant que les charbons s’éteignent.”

Tous les membres, quelles que soient leurs compétences, se retrouvent dans une ambiance chaleureuse et studieuse quand il faut l'être