Et si le patrimoine était l’affaire de tous ?
Depuis leur perte d’agréments en 2018, nos voitures historiques ont besoin de passer en révision pour retrouver les voies ferrées. Une « première fournée » a eu lieu en 2020 avec quatre véhicules envoyés aux ateliers de SDH-Fer dans le Loiret. A la fin des travaux, nous étions évidemment heureux de retrouver nos voitures et leurs 200 places assises… ainsi qu’un joli trou dans les comptes. Eh oui, même avec des tarifs compétitifs, le ferroviaire (surtout ancien) n’est pas gratuit !
Pour revenir à sa capacité initiale, notre rame historique doit grossir ses rangs avec d’autres voitures qui manquent aujourd’hui à l’appel : nos DEV B10 et B9, doivent subir les mêmes examens que leurs consœurs pour circuler en toute sécurité. Et pour ça, il nous faut rassembler des fonds ! Nous avons donc ouvert une collecte grâce à l’aide de la Fondation du Patrimoine pour nous aider à couvrir les frais de révision et de réparation de notre DEV B9. Il faut remplacer ses 4 essieux arrivés à leur limite d’usure, réviser son distributeur de frein (organe clé du système de freinage) et changer des bagues élastiques détériorées utilisées dans la suspension ainsi qu’un ressort hélicoïdal cassé. Ces aléas ont un impact direct sur le coût final de la « remise aux normes » de cette voiture.
L’intérêt de cette voiture
Destinées à une carrière SNCF, les voitures DEV en Acier Ordinaire sont le fruit d’une étude débutée en 1938. L’idée était de développer des voitures unifiées pour les grandes lignes de la toute jeune Société Nationale des Chemins de fer Français. Mis en suspens pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce programme reprendra à la fin du conflit, sous la direction de M. Forestier. Légères, métallisées et aérodynamiques, plusieurs séries verront le jour entre 1946 et 1959 avec près de 1600 exemplaires construits. Aptes à 140 puis 160 km/h, les « DEV » auront marqué l’histoire des trains rapides de la SNCF après la guerre.
Notre association a racheté cette voiture auprès de la SNCF en 1992 pour un usage touristique. Fait intéressant, c’est une ancienne voiture de 1ère classe ! Car dans les années 70, devenues obsolètes avec l’arrivée des voitures plus modernes « Corail », elles sont déclassées et réaménagées en conséquence. Les compartiment offrent un espace plus grand que leurs homologues, même en étant 8 voyageurs au lieu de 6 par le passé.
Un soutien plus que nécessaire
Pour maintenir en état notre patrimoine ferroviaire, nos seules ressources sont depuis plus de 40 ans les adhésions et la vente des billets à l’occasion de nos circulation spéciales. Mais aujourd’hui, tout comme les autres structures, nous savons que nous pouvons compter plus largement sur votre aide. Peu importe le montant, chaque geste compte… c’est avec les petits ruisseaux qu’on fait les grandes rivières !
Combien ça coûte ?
Très souvent, lorsque l’on évoque la restauration d’un matériel roulant, la question du coût est cruciale… outre les vérifications règlementaires, les mauvaises surprises peuvent rapidement gonfler la facture : pièces cassées, dégradations, œuvre du temps, remise aux normes… Alors selon vous, combien coûte la remise en circulation de notre voiture DEV B9 ? On vous dit tout !
Au total, l’opération dépasse les 50 000 € ! Le plus gros poste concerne la révision de la voiture en elle-même qui comprend le démontage, l’examen, la protection, la peinture et le remontage. Mais nous devons aussi faire face à des réparations ou remplacement de pièces
Révision de la superstructure – 29 800 €
Le châssis, les tampons de choc, les crochets et tendeurs d’attelage, les éléments fixés sous la caisse etc… sont vérifiés et examinés afin de déceler la moindre anomalie. Les deux bogies sont démontés, lessivés et passés en magnétoscopie. La géométrie est scrupuleusement contrôlée et si des fissures sont trouvées, elles sont rebouchées par soudure puis vérifiées. Avant remontage, l’ensemble est protégé et peint.
Remplacement des 4 essieux – 13 800 €
Les organes de roulement en place sous la voiture arrivent en limite d’usure. Une révision avec remise en circulation aurait été envisageable, mais avec un potentiel restant extrêmement faible. Pour la pérennité du matériel, nous avons fait le choix de les remplacer.
Achat de bagues élastiques – 8 600 €
Sur les bogies type Y26 équipant notre voiture, la suspension est complexe et faite de plusieurs bielles de liaison. Pour absorber les vibrations, elles sont assemblées à la structure grâce à des bagues élastiques dites « silentblocs » que l’on peut retrouver ailleurs dans les transports. Abîmées par le temps, elles ne pouvaient plus assurer correctement leur rôle (certaines se sont même brisées lors de leur démontage).
Révision de deux organes de frein – 1 800 €
Le système de frein des véhicules ferroviaires fonctionne grâce à de l’air comprimé réparti dans différents circuits. Un organe clé, que l’on appelle un distributeur, se charge de distribuer l’air dans la tuyauterie, les réservoirs et les cylindres de frein en fonction des besoins. Du fait de son importance, il doit être régulièrement vérifié et révisé. Le modèle qui équipe notre voiture étant assez ancien, il n’est pas garanti qu’il puisse être facilement traité à l’avenir par les ateliers de contrôle. Nous avons donc financé un distributeur supplémentaire que nous garderons en réserve en cas de défaillance du premier.
Votre aide est plus que précieuse pour nous : elle nous permet de continuer à faire vivre le patrimoine ferroviaire français ! Pour rappel, vos dons sont déductibles des impôts à 66%.
Nous remercions chaleureusement la délégation Auvergne de la Fondation du Patrimoine pour son écoute et son accompagnement dans notre démarche !
Article publié le 03 mars 2025.